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LE PROCHAIN PONTIFICAT


31 mai 1903.

Tous les démentis et toutes les explications du monde n’enlèveront point son caractère au voyage que l’empereur d’Allemagne vient d’accomplir en Italie. Il reste acquis d’une façon péremptoire que Guillaume II s’est avant tout préoccupé d’agir sur le Vatican, et même — s’il est permis d’employer ce terme — sur le Vatican futur. Notons en passant que le roi Victor-Emmanuel, en ayant l’air de ne point remarquer la pompe extraordinaire dont s’entourait cette visite au Saint-Père, a donné une preuve manifeste de sa force de caractère en même temps que de son sens politique ; notons encore que certaine candidature au trône pontifical se trouve légèrement compromise par la façon très habile dont l’impérial visiteur en a souligné l’éventualité. Ne disait-on pas que le cardinal en question accusait des tendances francophiles, ce qui, en langage romain, signifie que ses idées sont libérales ? Guillaume II souhaiterait évidemment un candidat plus épris d’impérialisme. C’est pourquoi il a, par ses égards, désigné ceux-ci aux intrigues jalouses du Conclave. Mais, au fait, que valent tous ces calculs ? Les grandes lignes du prochain pontificat ne sont-elles pas tracées d’avance ? Le prêtre qui l’exercera y apportera plus ou moins d’intelligence et de doigté ; sera-t-il en son pouvoir d’en modifier le caractère ?

Saint Malachie est tout prêt à nous renseigner là-dessus, mais à sa manière qui est quelque peu somnambulesque.