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QUE FERONS-NOUS ?


14 janvier 1903.

C’est la question que je posais l’autre jour en abordant ce tragique problème de l’Europe centrale qui, bientôt, pèsera sur nos sommeils comme un ténébreux cauchemar.

Que ferons-nous lorsque s’achèvera, dans le tumulte des haines de race et dans le heurt des glaives, l’évolution fatale qui détache les Allemands d’Autriche de l’empire Habsbourg et les pousse vers l’empire Hohenzollern ? Nous avons reconnu le caractère inéluctable d’une telle crise, mais ne suffirait-il point qu’elle fût probable ou seulement possible ? Quand bien même des événements qu’on ne peut prévoir surgiraient en travers de la route, la plus élémentaire prudence ne commande-t-elle pas de tout préparer pour le cas où cette route demeurerait libre ? Ce n’est pas suffisant qu’au milieu de l’ignorance ou de l’insouciance générales, la perspicacité d’un ministre des affaires étrangères que ses concitoyens abreuvent d’ailleurs, en retour, des reproches les plus injustes et les plus ineptes, — ce n’est pas assez que cette perspicacité s’exerce en des œuvres heureuses comme le rapprochement franco-italien ou la détente franco-anglaise. Il faut que la nation s’accoutume à l’idée de la guerre prochaine et sache si elle compte, oui ou non, y participer.

« À quoi bon cet examen ? diront de pseudo-sages. Pour Dieu ! ne parlons pas de pareilles éventualités ; ce sera bien