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LA « COURSE EN SECTION »


20 juillet 1906.

Qui s’attendait à voir passer dans le domaine de la politique cette vieillerie gymnique ? La voilà ressuscitée pourtant et les « moniteurs » du Palais-Bourbon s’efforcent à organiser les départs. Tâche vaine. De braves gymnastes acceptaient encore de partir par groupes au signal et — les uns se modérant, les autres s’éperonnant — de régler leur allure sur celle du voisin au détriment des capacités différentes de chacun. Mais allez donc obtenir pareil ensemble d’une équipe internationale comme celle dont les exploits vont décider de l’avenir ! Et pourtant il faudrait y réussir sous peine de faire faillite !… Le spectacle de cette inéluctable alternative constitue, à l’heure présente, un de ces divertissements philosophiques que la destinée, de temps à autre, permet aux hommes de goûter.

Ainsi, voyez le désarmement. Tout le monde en parle ; tout le monde le désire. À vrai dire ce n’est pas de désarmer dans le sens précis du mot qu’il est question. Des fous seuls souhaiteraient cet excès à rebours ; les gens prudents et sages tiennent à conserver une armée forte. Mais ce qu’on entend en général par désarmement, ce serait une convention internationale en vue de limiter les armements actuels et de les empêcher de grandir davantage. Sur l’opportunité d’une pareille mesure l’accord est quasi-unanime ; les militaires ne seraient pas les derniers à y adhérer de bon cœur. Seulement, voilà ! personne ne peut commencer. Il faudrait réaliser cette ré-