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incliner, dont pourtant bien des traditions robustes et bien des influences subtiles travaillaient à la détourner, — le libéralisme.

Par ce mot n’entendez pas le courant chimérique et obstiné auquel s’abandonnent trop volontiers les peuples et qui les conduit à des solutions de plus en plus avancées, à des réformes de plus en plus audacieuses — mais bien cette façon, raisonnable toujours, résignée parfois, de comprendre et de pratiquer la marche en avant quand elle paraît s’imposer ou le recul quand la prudence le conseille. Dépouillée de son apparat et réduite à son essence, voilà bien la politique anglaise ; voilà bien, entre beaucoup d’autres éléments secondaires, l’élément principal dont est faite la force britannique. Toute l’histoire de nos voisins d’outre-Manche, depuis cent ans, se compose de semblables alternatives indéfiniment répétées. Whigs et tories non seulement se sont succédé au pouvoir, mais ont recueilli, avec un libéralisme à peu près identique, leurs héritages respectifs. On les a vus se léguer les difficultés de tous genres, affronter bravement les unes, tourner habilement les autres et… trouver cela tout naturel. Or, en soi, rien n’est plus illogique que cette collaboration forcée entre opinions contraires, ces solidarités entre adversaires irréconciliables, ces responsabilités engagées par autrui et auxquelles on peut se soustraire évidemment, mais à condition de sacrifier les intérêts nationaux ou de compromettre les institutions. Plutôt que d’en venir à cette extrémité, les partis anglais ont presque toujours, en arrivant au pouvoir, « pris la suite des affaires » sans hésitation ni murmure, donnant ainsi la formule d’une politique illogique, soit, mais féconde à coup sûr.

Quelque chose de cela est apparu dans les annales de l’Espagne contemporaine. Le temps n’est pas si loin où Canovas del Castillo et Sagasta, ces éminents soutiens d’une régence laborieuse et inquiète, devenaient tour à tour premiers ministres, amenant avec eux de brillants états-majors politiques formés à leur école. L’éloquence parle-