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révolution mentale

hiérarchie créée par l’histoire entre les divers États. Le Mikado ne recevait pas de télégrammes de l’empereur François-Joseph et le président des États-Unis ne négociait point de Concordat avec le Saint-Siège, les politiciens d’Europe ne s’inquiétaient pas des lois votées par le Parlement de la Nouvelle-Zélande, les tarifs douaniers de la Rhodesia ne comptaient pour rien dans la balance, et la question des fortifications d’Apia ou de Pango-Pango n’attirait l’attention de personne.

Ces temps ne sont plus, d’autres sont nés. Les instituts vénérables ont seuls qualité pour examiner à loisir s’il convient de s’en réjouir ou de s’en affliger. Peut-être les deux conviennent-ils simultanément ; dans tous les cas, notre tâche, à nous autres simples mortels, est aisée à définir sinon à remplir ; de ce régime nouveau il faut avant tout nous accommoder. Et la première condition pour y parvenir, c’est de modifier nos habitudes mentales et de commencer à transformer résolument l’enseignement que reçoivent nos enfants. Le monde qu’on leur apprend, comme celui qu’évoque dans nos esprits la lecture quotidienne des gazettes, ne répond plus à la réalité. Les proportions géographiques et sociales en sont devenues inexactes. La philosophie même qu’en dégage l’étude semble ridée et fanée.

Devrons-nous donc ajouter encore au lourd bagage de connaissances exigé par la civilisation ? Non, car l’entendement humain a des limites ; à trop le charger on risquerait d’en entraver et d’en fausser le fonctionnement. Mais des méthodes différentes s’imposent. Savoir davantage ce serait difficile et dangereux ; ce qu’on sait, il faut le savoir autrement, voilà tout.

Nous faisions de la synthèse. Vous en doutiez-vous ? Eh bien, nous ferons de l’analyse maintenant. Les éléments de la synthèse, en l’espèce, c’était le fragment sublime de