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NI ROME NI CARTHAGE ?


6 décembre 1905.

Ce ne sont pas les destins du Maroc qui vont se fixer à Algésiras, ce ne sont pas non plus ceux de la France, ce sont ceux de l’Allemagne.

Un journal d’outre-Rhin établissait, il n’y a pas bien longtemps, un parallèle entre la rivalité de Rome et de Carthage d’une part, celle de Londres et de Berlin d’autre part. Il est douteux, s’exclamait fièrement l’auteur de l’article, que Londres trouve un Annibal mais Berlin trouvera beaucoup de Catons. C’est donc Londres qui joue Carthage et Berlin qui incarne Rome ?… Les Allemands n’en doutent pas ; vieille chimère qu’ils n’ont cessé de nourrir depuis quarante ans, cette idée que l’empire teuton est l’héritier direct et intégral de l’empire romain. Qu’y a-t-il de fondé dans cette prétention ?… Uniquement ceci, que l’Allemagne est obligée, de par sa situation, sa configuration et les conditions de son développement, de choisir entre la conception romaine et la conception carthaginoise, mais que, n’étant pas parvenue à le faire encore, il en est résulté pour elle toutes sortes de dangers et de tracas ; la source de ses présents déboires est dans ce fait qu’elle n’a su être jusqu’ici ni Rome ni Carthage.

Pax Romana, la paix romaine ! Ces deux mots gigantesques éclairent la route de l’historien à travers les ruines