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l’erreur initiale

fallait dénombrer tout cela. N’était-ce pas au gouvernement à creuser un large canal par où doléances et réformes auraient pu circuler vite et bien des colonies à la métropole, et retour ? N’était-ce pas à lui à surveiller jalousement les progrès du commerce intercolonial et du commerce métropolitain, à les faciliter par tous les moyens ? Qu’a-t-on créé ? De lentes statistiques et quelques bureaux de renseignements ; un point, c’est tout.

Décentraliser est souvent représenté comme un effort titanesque dépassant la hardiesse et les ressources des partis. Il se trouve au contraire que nulle entreprise n’était plus simple à amorcer. Un texte autorisant les conseils généraux des départements d’une même région à s’unir pour certaines entreprises d’assistance, d’hygiène, d’art et d’éducation, — et voilà la porte légale ouverte à la rénovation de cette vie provinciale devenue indispensable à la sécurité et aux progrès de la civilisation française. Le pays, du reste, a eu conscience de cette nécessité car il s’est efforcé d’y répondre ; encore eût-il fallu ménager une issue à sa bonne volonté ; la réglementation prévoyante de Napoléon avait tout enclos solidement : on devait commencer par creuser un passage quelconque sous les bastionnages de l’empereur premier.

Ainsi, de toutes ces besognes, les plus faciles — celles qu’on n’a point tentées — étaient les bonnes : on s’est attelé aux plus difficiles qui étaient les mauvaises. Rien d’étonnant dès lors à ce que la situation se révèle déplorable. Seulement ce n’est pas un motif pour se lamenter et perdre courage. Bon Dieu ! la France en a vu bien d’autres !