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la récompense

engendre la puissance et la richesse, mais que directement il conduit au progrès.

Seulement, pour être capable de l’accomplir, il faut que tous et chacun demeurent possédés par ce patriotisme exclusif que M. Hervé, dans sa déchéance, en arrive à dénoncer comme un crime antihumanitaire. Il faut que tous et chacun préfèrent leur patrie à celle des autres. Cette préférence de la patrie, c’est peut-être ce qu’il y a de plus général et de plus indiscuté en Angleterre. L’Anglais, mieux qu’on ne le croit, aime et estime les étrangers, mais jamais à l’égal de ses compatriotes ; il leur veut du bien, mais après que les siens seront servis. C’est avec ce sentiment-là qu’il a accompli de si grandes choses.

Le même sentiment présida chez nous à l’admirable relèvement qui suivit nos malheurs de 1870. Thiers, Gambetta, Ferry, Carnot, ceux-là « préféraient » réellement la France et, la préférant, ils étaient capables de la servir avec courage et, ce qui est plus précieux, avec abnégation. Que si nous savions aujourd’hui nous grouper de nouveau autour de ce dogme de salut, ce serait à notre tour de goûter bientôt, dans sa plénitude, — la récompense.