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le langage, la race et l’unité

des idées susceptibles d’intéresser les hommes, de les passionner et de les aider dans leurs besognes.

Le congrès de Liège a pour mission d’étudier ces choses du point de vue français. Quelques questions connexes lui sont soumises qui seront utilement discutées ; telle la conduite à tenir vis-à-vis des patois, notamment quand ils se haussent au niveau des langues par leurs aspects littéraires, — et aussi cette réforme de l’orthographe qui, particularité digne de remarque, a jusqu’ici soulevé de véhémentes indignations parmi les étrangers qu’on supposait lui devoir être les plus favorables. Rôle de la presse quotidienne et hebdomadaire, programmes d’enseignement, fondation d’écoles et de cours, choix des méthodes les meilleures, tout cela sera étudié et je prévois une intéressante passe d’armes entre admirateurs des écrivains du dix-huitième siècle et partisans de ceux du dix-septième. Lesquels sont les plus classiques ? Ces derniers ne paraissent-ils pas déjà un peu archaïques pour l’exportation ? Malicieuse question inscrite là par quelque amateur de beaux débats. Dommage que M. Brunetière n’ait pas annoncé sa venue. Parmi les organisateurs, on relève les noms de MM. Claretie, Liard, Émile Faguet, Anatole France, Gabriel Hanotaux, Salomon Reinach, de Mme de Noailles et de notre aimable ministre, M. Gérard, toujours prêt à soutenir les œuvres profitables à la France avec ce mélange de discrétion, de persévérance et de finesse qui caractérise son action. Il y aura aussi Camille Lemonnier et Maeterlinck et le canadien Fréchette et le professeur Fortier, président de l’Athénée louisianais. De partout, des concours zélés. Le lieu est bien choisi, sur un sol ami, proche du nôtre. L’heure est propice aussi ; par un ciel troublé, le cultivateur prudent prend ses précautions en songeant aux orages possibles.