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LA FORTUNE DE L’HELLADE


6 août 1905.

Ce n’est point un secret que, lorsqu’ils débarquèrent au Pirée, au mois d’octobre 1897, les délégués des six grandes puissances européennes chargés d’organiser le contrôle international des finances helléniques n’étaient nullement animés envers la Grèce de sentiments ultra-bienveillants. Plus encore que les résultats de la récente guerre, les souvenirs de la fâcheuse faillite de 1893 les impressionnaient défavorablement. Ils s’imaginaient, pour la plupart, débarquer sur une terre impratique et folle, parmi un peuple dépensier, mal gouverné et de mœurs publiques très corrompues. Force leur fut de revenir à une plus juste appréciation des choses. En face d’eux s’assit pour présider leur réunion un homme de premier ordre, M. Étienne Streit, gouverneur de la Banque nationale de Grèce, auquel le cabinet et le souverain avaient eu l’heureuse inspiration d’offrir temporairement le portefeuille essentiel, celui des finances. Le concours éclairé et loyal des autorités, l’adhésion peu enthousiaste mais réfléchie de l’opinion aidèrent les commissaires à venir à bout d’une tâche qu’ils s’étaient attendus certes à trouver plus épineuse et plus complexe. On conçut alors — de part et d’autre — de justes espérances. Ont-elles été déçues ? Le silence s’est fait sur les suites de la guerre gréco-turque, l’attention du monde ayant été depuis lors attirée par bien d’autres jeux. Qu’est-il advenu du contrôle international et de la fortune de l’Hellade ?