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L’AFRIQUE FRANÇAISE


25 juillet 1905.

Nous avons deux moyens de nous installer au Maroc. Nos adversaires n’en ont qu’un. Leurs navires peuvent y aborder et leurs représentants s’efforcer d’y rétablir le prestige et l’autorité d’un pouvoir chancelant lequel, leur devant sa rénovation, deviendra le docile instrument de leur politique et le meilleur serviteur de leurs intérêts. Voilà bien un peu le plan auquel nous nous étions arrêtés nous-mêmes et dont nous allions entamer la mise à exécution. C’était, vis-à-vis du Maroc, le plus franc et le plus complet ; ce n’était peut-être pas, du point de vue français, le plus pratique et le plus avantageux. Y réussir exigera infiniment d’habileté, beaucoup d’argent et encore plus de patience. Si l’Allemagne y met le prix, ce qui est peu probable, et la ténacité, ce qui l’est davantage — il lui manquera peut-être le doigté. Dans tous les cas, pour elle comme pour nous, le succès final ne s’obtiendra qu’au prix de sacrifices considérables.

Or, sur place, un autre outil s’offre à la France, un outil qu’elle a forgé et de la valeur duquel elle semble bien lente à s’aviser : c’est l’Afrique française.

Il y a trente ans, l’Afrique française n’était encore qu’une expression géographique ; sa figure du reste demeurait inachevée et surtout ses destinées étaient imprécises. N’ayant constitué depuis les débuts de l’occupation qu’une vaste école d’entraînement pour les armées de la métropole, il