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LE COMITÉ DES MISSIONS


7 juillet 1905.

Il n’est pas un Français — parmi ceux que la passion antireligieuse n’a pas réduits au niveau des inintelligents et des ignorants — qui ne se préoccupe de ce que vont devenir nos missions. Cette préoccupation s’avive et se fait intense pour quiconque sait exactement ce que signifie ce terme : nos missions — et jusqu’où il s’étend. Désormais le prodigieux inventaire de l’œuvre accomplie par les missionnaires français existe : nous l’avons à portée. Le P. Piolet l’a dressé avec le concours d’une pléiade de collaborateurs distingués. On aurait pu le distribuer aux députés ; ceux qui lisent en eussent tiré profit. Je concède volontiers que les dimensions en sont un peu décourageantes au premier abord : six volumes de forte épaisseur, quand même de copieuses et superbes illustrations les parsèment, c’est beaucoup ; à aucun moment pourtant, le lecteur n’est porté à se plaindre qu’on abuse de lui, tant est captivant le récit de ces cent années d’un zèle fécond et infatigable.

Car il s’agit, entendez-le bien, du seul dix-neuvième siècle, et voilà l’étonnant de la chose. Les grandes mémoires du P. Gerbillon, de Mgr Pigneau de Béhaine ou de Mgr de La Motte-Lambert se tiennent en marge des chapitres consacrés aux missions d’Amérique et d’Extrême-Orient ; on ne prononce ces noms illustres qu’occasionnellement, de même que le temps où les Lazaristes évangélisaient Madagascar et où l’Église française de Perse comptait trois cent mille