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1453 ET 1905


24 mai 1905.

De temps immémorial, les écoliers apprennent qu’en l’an 1453 prit fin le moyen âge et s’inaugura la période moderne. Ce changement considérable serait intervenu, semble-t-il, à l’occasion de la prise de Constantinople par les Turcs. Nos petits-enfants — si la manie subsiste encore de découper l’histoire en tranches bien proprettes comme un plum-pudding — seront sans doute élevés à envisager la prise de Port-Arthur par les Japonais comme marquant le début d’une ère nouvelle, à laquelle les professeurs d’alors appliqueront, à leur tour, ce qualificatif de moderne qui, n’ayant en soi aucune signification déterminée, a chance de plaire successivement à chaque génération. Et dans cette seconde erreur il y aura, comme dans la précédente, une large part de vérité.

Certes, aux approches du seizième siècle de même qu’au seuil du vingtième, le monde a subi une de ces transformations profondes dont la vision, par la suite, s’impose de plus en plus nette à l’historien et dont le rappel lui sert de point de repère à travers le dédale de son labeur. Mais les causes en sont faciles à discerner. La coïncidence de la découverte de l’Amérique et de la découverte de l’imprimerie, bientôt suivies de l’établissement de la Réforme, voilà qui explique de manière suffisante l’effritement des sociétés moyenâgeuses, la naissance d’aspirations plus vastes et plus hasardées, le façonnement