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l’hellénisme

avaient empêchée jusqu’ici d’être nombreuse et qui va s’accroissant de jour en jour. On le craint. À constater ce qu’il a pu dans le passé, on devine ce dont il serait capable dans l’avenir et les fougueuses coalitions qui se nouent pour lui faire obstacle prennent toute leur raison d’être. On redoute sa présence et son contact parce qu’on sent en lui un de ces conquérants qui s’installent à jamais. De fait, le monde a vu les républiques grecques se débander, et plus tard s’écrouler l’empire grec. Il a vu jusqu’au nom de la terre grecque disparaître de la géographie. Mais où sont les reculs de l’hellénisme ? Forcé d’interrompre son travail, l’hellénisme le reprend au bout d’un siècle au point où s’était faite l’interruption. Il sommeille et ne meurt pas ; il dure et ne vieillit pas. C’est un voisin terrible qui lasse tous les efforts et annule l’un des pires ennemis de l’homme, le temps. Sur lui le temps n’a aucune prise.

Ces choses sont vraies. Convenons-en pourtant, l’Europe n’aime pas les entendre. Elle préfère qu’on quémande sa sympathie et qu’on sollicite ses bons offices au nom des chefs-d’œuvre qu’épellent ses écoliers, au nom des monuments qu’exhument ses archéologues, au nom de ces vieux pans de mur dont la beauté nous confond et dont les secrets techniques nous échappent, de ces pans de mur le long desquels, au soleil couchant, Renan venait faire sa prière…