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L’ANGLETERRE NOUVELLE


28 juillet 1904.

Dans son Histoire politique de l’Europe contemporaine qui a paru, si je ne me trompe, aux environs de 1899, M. Seignobos n’a pas craint de proclamer que le parlementarisme anglais était en train d’« évoluer vers le régime de la Convention, une république gouvernée par une assemblée élue démocratiquement » et il gourmande Taine, lui reprochant de n’avoir pas fait vingt ans plus tôt la même découverte. En évoquant l’image d’un tel avenir, M. Seignobos s’est laissé entraîner par ses sympathies révolutionnaires et par le désir de voir l’Angleterre suivre à son tour les voies dans lesquelles s’égara naguère le jacobinisme français. Il est certain toutefois que la logique lui donnait raison en quelque manière car le mouvement qui a pris naissance sous George III, lorsque l’Angleterre, sortie de vingt années de guerres incessantes contre la France, eut éprouvé la nécessité de se réformer elle-même, — ce mouvement paraissait devoir aboutir au despotisme incontesté d’une Chambre unique. Les Communes avaient, pour y prétendre, des traditions respectables. N’était-il pas admis, dès longtemps, que « le Parlement d’Angleterre peut tout, hormis changer une femme en homme » ? Le proverbe populaire, il est vrai, associait par l’expression abrégée de Parlement la Chambre haute avec la Chambre basse. Mais les jours de la première semblaient comptés. Après avoir amené peu à peu le souverain, sous la pression de l’opinion