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LES FRANÇAIS EN OCÉANIE


27 mai 1904.

On peut se demander avec quelque inquiétude combien de temps mettra la République à s’apercevoir que ses possessions océaniennes constituent, selon l’heureuse expression de M. Ch. Lemire, les « escales obligées » de la future route commerciale de Sydney à Panama ; et cette route-là, nul n’en saurait douter, est destinée à devenir rapidement la plus importante du globe. L’installation récente des Américains aux Philippines, des Allemands aux Carolines et aux Mariannes, des Anglais aux îles Salomon, Ellis et Tonga, indique assez l’intérêt que les autres puissances portent à cette vaste transformation de l’Océanie qui s’opère sous nos yeux et dont le percement de l’isthme panamique sera l’inévitable et décisif couronnement. Leurs stations pourtant ne sont pas aussi favorables que les nôtres sous le rapport de la situation géographique ; elles sont en général plus voisines de l’inquiétante Asie et plus éloignées de cette portion du monde qui semble le mieux devoir justifier son nom de Pacifique et par laquelle s’écoulera, paisible et continu, le transit universel. Nouméa et Papeete surgissent inévitables devant les navires allant de Californie en Australie ou de Nouvelle-Zélande vers l’Amérique centrale ; mais elles n’attirent point les regards des Parisiens qui ne savent pas voir si loin !

La Providence nous avait bien servis pourtant en dirigeant de ce côté les flottes de Louis-Philippe et de Napo-