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REGRETS ET ESPÉRANCES


15 avril 1904.

Les récentes conventions franco-anglaises peuvent être envisagées sous deux angles très différents selon qu’on s’en tient à l’examen des litiges auxquels elles apportent une solution ou bien que l’on apprécie la situation générale qui en découle et la politique nouvelle dont elles vont permettre de tenter l’application. Le premier de ces points de vue se restreint au présent ; le second embrasse l’avenir.

Pour nous autres Français, cet avenir se dessine sous des couleurs attrayantes ; mais ce présent, d’autre part, est de nature à nous inspirer quelques regrets. Peut-être eût-il été préférable pour la défense de nos intérêts de ne point négocier un traité global sans que la pesée des sacrifices consentis et des avantages obtenus fût faite de façon strictement équitable.

L’Angleterre obtient de nous deux satisfactions considérables. Nous reconnaissons le protectorat qu’elle a établi de fait en Égypte ; car on ne saurait interpréter différemment l’engagement « de ne pas entraver son action dans ce pays en demandant qu’un terme soit fixé à l’occupation britannique, ou de toute autre manière ». D’autre part, « la France renonce aux privilèges établis à son profit par l’article 13 du traité d’Utrecht et confirmés ou modifiés par des dispositions postérieures ». Ce sont là des termes formels dont aucune réserve ne tempère la rigide précision. Avons-nous eu raison d’accepter ces formules absolues ?