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renaissance navale

des points d’appui nombreux, des arsenaux commodes et bien remplis, un outillage complet, un personnel sans peur et sans reproche.

Toutes ces choses, paraît-il, ne sont point à notre portée. La marine française constitue un écheveau si bien embrouillé que nul ne saurait venir à bout de le dévider. Voyez-vous cela ! Voilà un argument commode à l’usage des routiniers et flemmards. Et quelle est donc l’institution dont les complexités puissent résister à l’effort d’une volonté soutenue ? Les Anglais se sont-ils jamais perdus dans l’invraisemblable labyrinthe de leur législation constitutionnelle et les Japonais se découragèrent-ils devant les barrières innombrables qu’un passé séculaire dressait en travers de leur zèle réformateur ?

Il est possible, il est même certain que notre organisation navale ne comporte point les solutions simples et pratiques que M. Lockroy a décrites dans son enquête sur la marine allemande. Nous n’avons pas les coudées absolument franches ; faire chez nous table rase de ce qui existe constituerait un médiocre moyen d’assurer l’avenir. Le jour où nous le voudrons pourtant, nous arriverons aisément à savoir en quoi peut et doit consister notre renaissance navale. Nous posséderons le devis des dépenses à faire, l’énumération des constructions à mettre en train, la mention des avantages à escompter, l’indication des abus à réformer.

Encore une fois, l’heure est venue de ce vouloir… Mais avouez que ce serait drôle si le prodigieux ministère de M. Camille Pelletan allait devenir la cause déterminante d’un si grand bienfait. Il ne faudrait point hésiter dans ce cas à promettre audit Pelletan une statue après sa mort et le titre d’amiral pour la fin de ses jours. Ce serait « l’amiral malgré lui ».