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un empire latin ?

ciales fut plus nuisible à l’Italie qu’à la France ; cela est vrai dans une certaine mesure mais, très habilement, nos voisins surent neutraliser les effets de la lutte ainsi ouverte en s’assurant au loin de nouveaux débouchés. Ces débouchés leur demeurèrent acquis et ce fut l’origine du retour de prospérité que vinrent consolider la réconciliation avec la France et le renoncement aux folies abyssiniennes.

Cette prospérité s’affirme de maintes façons : la consolidation de l’équilibre budgétaire, la disparition de l’agio sur l’or et le cours élevé atteint et conservé par la Rente en sont des symptômes si frappants qu’ils dispensent de tout commentaire. Ainsi donc, l’hôte de la République est le souverain d’une Italie grandissante dont les ressources augmentent chaque jour et dont l’amitié devient chaque jour plus précieuse. Or, dans le monde — chose triste à constater, — les gestes d’un personnage vont trop souvent s’écourtant en proportion de son importance ; ses sourires s’atténuent à mesure qu’il devient « proéminent ». De sorte qu’on note, comme une rareté appréciable, l’amabilité persistante de l’homme qui n’a plus besoin de vous. Il en va de même volontiers entre nations.

Mais, diront quelques lecteurs, l’Italie doit tout à la France ! quoi d’étonnant si Victor-Emmanuel iii nous témoigne une reconnaissance d’autant plus naturelle que l’expression en a été différée plus longtemps ? — Oui, sans doute, l’Italie nous doit beaucoup. Ni le génie surprenant de Cavour, ni l’esprit politique de la maison de Savoie, ni la volonté patriotique des populations, ni l’extraordinaire initiative de Garibaldi n’eussent suffi peut-être à unifier la Péninsule ; l’œuvre, dans tous les cas, eût été lente, coupée de résistances et d’hésitations et, parlant, bien moins solide. Pour cette œuvre, nos soldats ont vaillamment versé leur sang et c’est à juste titre que Mgr le comte de Turin, chaque fois qu’il en trouve l’occasion, le rappelle à ses troupes en