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UN EMPIRE LATIN ?


18 octobre 1903.

Tandis que s’avançait, la main tendue et le sourire aux lèvres, le souverain d’une nation voisine, il était infaillible qu’on ergotât un peu, chez nous, sur le caractère désintéressé de cette visite royale. Nous sommes plus méfiants que les anciens ; nous craignons les Danaos même quand ils ne sont pas dona ferentes et nous supposons toujours chez qui nous salue l’arrière-pensée d’une duperie quelconque ou d’un emprunt prochain. Parmi nous, d’ailleurs, la légende de la pauvreté italienne s’était implantée avec force. Dans son dernier livre, M. Edmond Théry a montré ce qu’il convenait d’en retenir. Sans dissimuler les fautes commises ni les points sur lesquels l’Italie se trouve encore dans un état d’infériorité certaine par rapport aux autres grandes puissances, il nous a raconté, chiffres en main, l’œuvre admirable entreprise par M. di Rudini avec l’aide de M. Luzatti et continuée par le général Pelloux. Nous voyons là comment on liquide une situation embarrassée et par quels moyens on échappe aux conséquences économiques d’une politique agressive et mégalomane. La leçon pourra nous profiter ; il survient parfois des Crispi qui opèrent au dedans des frontières et il y a tels actes de guerre civile qui équivalent presque à un désastre d’Adoua. Une autre observation très intéressante a été suggérée à M. Théry par le tableau du commerce extérieur italien entre 1837 et 1900. On répète couramment que la rupture des relations commer-