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L’ÈRE DES VICE-ROIS


31 août 1903.

Les amis sincères de l’empire russe ont de quoi se réjouir : ce que l’empereur vient de créer, au loin, vers l’Extrême-Orient, apparaît plein de promesses fécondes.

On dira que cette première délégation du pouvoir impérial n’est qu’une manœuvre savante, qu’une sorte de pression momentanée sur la Mandchourie pour en compléter la russification. Et de fait il est singulièrement constitué, ce gouvernement qui comprend d’une part les énormes territoires de l’Amour et, de l’autre, la presqu’île de Liao-Toung — laquelle continue d’appartenir à la Chine, nominalement du moins, et n’a été que « cédée à bail », on se rappelle dans quelles circonstances. C’est là, entre le golfe du Petchili et la mer Jaune que se dressent les canons de Port-Arthur et que s’allongent les entrepôts de Dalny : guerre et commerce, l’endroit était bien choisi. La presqu’île de Liao-Toung est séparée des territoires de l’Amour par la Mandchourie : celle-ci se trouvera donc enserrée désormais par la puissance moscovite, au nord et au sud ; et, quelque jour, les tenailles se refermeront. Ce jour-là, la vice-royauté qui vient d’être créée sera-t-elle maintenue ou, plutôt, l’œuvre à accomplir étant achevée, les régions définitivement annexées ne perdront-elles pas leur autonomie embryonnaire pour entrer, à leur rang, dans le chapelet des provinces russes ?

Souhaitons pour notre alliée qu’il n’en soit rien et que