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notes sur l’éducation publique

de tous les alphabets, juif, grec, italique, étrusque, ibérique et même runique, en sorte qu’on peut dire, avec M. Seignobos, qu’ils ont appris à écrire au monde ?

Un autre oublié, c’est le peuple perse. Nous voyons bien Cyrus renverser à Sardes le trône de Crésus et à Babylone celui de Balthasar, son fils Cambyse conquérir l’Égypte, sortie florissante du long règne d’Amasis, Darius, enfin, entreprendre une série de conquêtes qui firent de l’Inde occidentale une satrapie persane et menacèrent, un moment, l’indépendance hellénique. Mais est-ce bien au génie de ces princes qu’il faut attribuer de tels exploits ? N’est-ce pas plutôt à la supériorité morale de ce peuple de montagnards, supériorité qui frappa les Grecs, conquit Alexandre, inspira à Xénophon sa Cyropédie et fit dire à Diodore que « la poignée de main d’une Perse est le gage le plus certain d’une promesse » ? Et cette supériorité morale, peut-on la comprendre si l’on ne sait rien des doctrines de Zoroastre, de sa loi morale empreinte d’un doux stoïcisme, basée sur l’horreur du mensonge et la pureté de la vie,