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la crise de l’enseignement secondaire

composés du soufre. Tâchez de gagner sa confiance et de le faire causer : il vous communiquera ses vues personnelles sur le monde extérieur, car il en a. Vous les trouverez souvent naïves, parfois originales, mais vous serez surpris avant tout d’y relever des traits communs ou plutôt des lacunes, toujours les mêmes — dont, bien entendu, il serait impossible de l’amener à se rendre compte.

En premier lieu, l’émiettement. Les connaissances, chez lui, sont éparses. Elles ne le sont ni comme des débris d’acropole qui éveillent la notion de l’unité disparue, ni comme les matériaux d’une construction prochaine qui éveillent celle de l’unité future. Non seulement le lien est absent mais cette absence ne se présente pas comme une anomalie. Chaque connaissance semble faite pour demeurer isolée à un niveau différent de sa voisine, sans communication avec elle ; ou bien, si quelques rapports existent, ils sont fictifs, résultant de classifications de hasard ou de combinaisons mnémotechniques. De si étranges accouplements engendrent tout naturellement de faux points de vue et des habitudes d’esprit défectueuses. Après l’émiettement des connaissances, ce qui frappe le plus, c’est l’abondance des formules,