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notes sur l’éducation publique

On l’a qualifiée de fictive, d’artificielle. On s’est demandé quelle était sa raison d’être, à quel besoin elle répondait Il y a là plus qu’une simple question d’organisation administrative. En effet, les architectes du futur État socialiste avaient fait un beau rêve, celui de l’instruction intégrale. La formule est ambitieuse, comme la plupart des formules socialistes. On s’est peut-être trop pressé d’en sourire, car il n’était pas certain qu’elle recouvrît une utopie. « Instruction intégrale » ne voulut jamais dire — sinon dans l’esprit de quelques naïfs — que les ouvriers de demain seraient des bacheliers et les contremaîtres des agrégés. Une révolution préalable était sous-entendue, qui eût fait table rase des baccalauréats et des agrégations. À voir l’animosité déployée contre ces institutions par des représentants éclairés de la bourgeoisie, on ne saurait s’indigner que des socialistes en fissent bon marché dans leurs plans d’avenir. Il s’agissait, en somme, d’établir une période unique d’instruction, allant peut-être jusqu’à 16 ou 17 ans et pouvant se combiner dans les dernières années tout au moins, avec l’apprentissage et la pratique d’un métier. Un peu plus de justice eût été ainsi répandu au seuil de la virilité et les inégalités