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l’art dans l’éducation

s’opère-t-il et dans quelle mesure peut-on en rectifier les tendances ? Voilà un point fort important à élucider. Par malheur, on ne saurait y faire de réponse précise ; l’individualité, si peu développée qu’elle soit, joue ici un rôle, rôle obscur, presque souterrain ; les germes artistiques sont mystérieux, pleins de caprices et de bizarreries ; ils ont des poussées soudaines et de longues éclipses, des hâtes superficielles et des retards féconds. Mais sans chercher à prévoir ce qui se passera, on peut pourtant y collaborer, préparer le classement et l’aider à se faire. La période élémentaire convient à cette tâche. En apprenant aux enfants à manier un crayon et un pinceau, à comprendre la perspective et à évaluer les distances, à connaître les notes, à chanter et à solfier, on met à la disposition de leurs facultés éventuelles, les instruments dont, en tous les cas, elles auront besoin pour se développer. S’il y a, parmi eux, des natures chez lesquelles les facultés artistiques ne doivent se manifester à aucun degré, le temps employé de la sorte ne sera pas perdu pour cela. L’éducation du regard, de l’oreille et des doigts n’est inutile à personne. Par contre, si le sens de l’action artistique existe dans le présent ou