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l’art dans l’éducation

bord, l’utilité. Mais grande fut ma stupéfaction en apprenant qu’à part une tapisserie qui décorait le fond de la salle, tout ce que je voyais là était l’œuvre des élèves. Et, d’un mot, le professeur m’expliqua sa méthode : « C’est notre laboratoire », dit-il. Cet homme, qui n’était pas un artiste consommé, avait abordé l’étude de l’art tout simplement, sans s’inquiéter de la routine et du convenu qui nous encombrent nous autres, gens du vieux monde. Disposant d’un maigre budget, il ne pouvait acquérir, au cours de ses fréquents voyages outre-mer, des objets très précieux, mais il prenait des notes et des croquis, se procurait des photographies et des reproductions de tout genre ; à travers les musées de l’Europe, il cherchait, son livre d’histoire à la main, ce qui synthétise une époque et en évoque les aspirations intimes à leur plus belle période d’épanouissement, et, au retour, ses élèves s’attelaient à reproduire, sous sa direction — avec quel intérêt passionné, on le devine — la beauté lointaine dont il leur rapportait l’image.

Il y a là, pour ce qui concerne l’art dans l’é-