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l’éducation des femmes

Michelet a dit que la femme était l’arbitre des mœurs et si, dans sa pensée, cela signifiait que les mœurs d’un pays sont telles que la femme veut qu’elles soient, rien n’est plus exact. Mais comment amener sa volonté à s’exercer dans ce sens, et l’éducation y peut-elle quelque chose ? C’est un point délicat. Il va sans dire que l’action pédagogique, à cet égard, ne saurait être qu’indirecte, et qu’il n’est point question de préparer la femme à ce rôle, en le lui faisant connaître à l’avance. Mais pour le remplir un jour, elle aura besoin de se montrer à la fois indulgente et sévère, inflexible et souple ; ces qualités seraient en danger de ne jamais être siennes, si son éducation était ennuyeuse et utopique. On oublie avec une étrange facilité, ce que le bon sens et la gaîté importent à toute éducation, mais à celle de la femme surtout, car elle n’a point, comme l’homme, la ressource de réagir et de chasser par l’emploi, même excessif, des premières heures de liberté, les déprimantes influences subies dans des milieux artificiels et tristes. Il faut donc écarter d’elles les utopies ; et l’armer