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notes sur l’éducation publique

brement des choses ont ébranlé peu à peu des théories que leur exagération même condamnait. En enlevant à l’Église le monopole pédagogique, l’État moderne a fait en quelque sorte rentrer dans le domaine public tout ce qui touche à la formation de l’enfant et de l’adolescent ; et la famille qui s’était associée aux sévérités dont on lui démontrait théologiquement l’impérieuse nécessité, s’ouvre à une conception plus humaine de son devoir : elle se demande s’il est vraiment indispensable au bonheur de l’homme que l’enfant soit meurtri et si la compression qu’on exerce sur lui est vraiment productrice de force dans l’avenir.

Il est à noter qu’une confusion avait fini par s’établir entre deux notions fort distinctes. S’agissait-il de « briser » ou « d’aguerrir » ? La doctrine première de l’Église ne fait pas de doute. Elle visait à « briser » l’individualisme et l’avouait. Plus tard, le militarisme étant venu, il ne fut plus question que d’endurcissement. Mais en réalité le but demeurait le même. L’emprisonnement et la méfiance brisent : ils n’aguerrissent point. Ne disons donc pas que l’externat sera nécessairement un régime débilitant : il sera ce que la famille le fera. Si en certains pays — en France, par