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l’éducation des femmes

une réalité ; elle l’est devenue en principe du jour où la femme a cessé d’être considérée comme esclave. En tous cas, perfectionner cette équivalence, la compléter, est une ambition noble : plus elle sera parfaite, plus l’estime et l’affection réciproques des époux ont chance de grandir. La similitude, loin de pousser à l’harmonie conjugale, est faite pour la détruire : tout l’attrait qu’exercent les deux sexes l’un sur l’autre réside dans leur dissemblance, cérébrale autant que physique.

Les féministes ne nient pas toujours ces choses ; seulement, ils n’en tiennent pas compte, hypnotisés qu’ils sont par leur rôle de redresseurs de torts. Ils agissent comme si, sur cent femmes, soixante devaient forcément rester célibataires et trente-neuf être malheureuses en ménage, ce qui légitimerait, en effet, qu’on ne s’occupât point de la centième, ou du moins que l’on subordonnât ses intérêts à ceux de ses sœurs, moins favorisées par le sort. Mais, outre que ces proportions sont tout à fait fantaisistes, il convient de se demander si, précisément, le célibat des unes et l’infortune conjugale des autres ne trouveraient pas leur meilleur antidote dans une éducation qui saurait mieux préparer, entre les deux sexes, le