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l’université moderne

avec un autre peuple les fortifie, les avive. Pas plus que les individus, les peuples ne sont faits pour vivre dans la solitude : il leur est bon de se connaître et de se comparer : mais cette comparaison même est propre à leur faire mieux prendre conscience d’eux-mêmes, à leur donner un sentiment plus net des qualités qui les distinguent et des besognes auxquelles ils sont enclins.

En ce temps où les distances sont abrégées, où les voyages sont devenus rapides et peu coûteux, il était à prévoir que les étudiants des divers pays du monde noueraient entre eux des relations et prendraient l’habitude de se visiter. C’est ce qui est arrivé. Le mouvement, il est vrai, se dessine à peine. Hormis le cas de fêtes exceptionnelles, comme l’Exposition de Paris, ou bien la célébration d’anniversaires illustres, les députations d’étudiants ne vont guère au delà des frontières voisines et l’océan, en tous les cas, arrête leur élan. La jeunesse française n’était pas représentée au sesquicentenaire de l’Université de Princeton et celle de Sydney n’a point encore fait parler d’elle en Europe. N’importe ! le germe de l’internationalisme universitaire est déposé dans le sillon et la moisson sera prompte.