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notes sur l’éducation publique

versité moderne est bien un raccourci de la nation : une salutaire égalité tend à y remplacer les privilèges d’antan et, de plus en plus, toutes les classes de la société y envoient des représentants. De la sorte, elle a plus d’éléments pour composer la légende nationale, plus d’autorité pour l’imposer, plus de facilités pour la répandre.

Ce nationalisme n’est point malsain, mais il le deviendrait rapidement s’il n’était corrigé par un internationalisme sincère. Il y a deux façons de comprendre l’internationalisme. L’une est celle des socialistes, des révolutionnaires et en général, des théoriciens et des utopistes ; ils entrevoient un gigantesque nivelage qui fera, de l’univers civilisé, un État sans frontière et sans imprévu et, de l’organisation sociale, la plus terne, la plus monotone des tyrannies. La seconde est celle des hommes qui observent sans parti pris et tiennent compte de la réalité, plutôt que de leurs idées préférées ; ceux-là ont noté, dès longtemps, que les caractéristiques nationales sont une condition indispensable de la vie d’un peuple et que, loin de les affaiblir, le contact