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l’université moderne

leur arrivera en tous lieux de se livrer à des manifestations tapageuses, à propos de quelque incident qui les aura irrités, d’une mesure de police par laquelle ils se croiront lésés, ou même d’un acte gouvernemental blessant quelqu’une de leurs convictions juvéniles ; mais ce sont là des circonstances exceptionnelles et qui, dans un pays bien organisé, ne se reproduiront qu’à de rares intervalles. Le jour où les étudiants seraient admis à s’ingérer, en tant que corporation, dans la politique, surtout dans les élections, l’ordre public se trouverait gravement compromis : on en viendrait vite aux pronunciamentos universitaires qui ne vaudraient guère mieux que les pronunciamentos militaires. Un gouvernement quelque peu soucieux de ses droits ne saurait tolérer une telle ingérence.

Mais, pour indirecte qu’elle soit, l’action de l’université moderne sur la nation n’en est pas moins très profonde et pleine de conséquences lointaines. C’est dans le sein de l’université, que s’amalgament les traditions et les espérances, les passions et les préjugés qui forment l’espèce de code de philosophie générale, d’après lequel la nation dirige ses pas. Qui ne se souvient du rôle prépondérant que les uni-