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l’université moderne

cet égard, les divergences entre eux vont s’accentuant. Tandis que les droits de l’État sur l’école primaire sont reconnus et proclamés partout et que son ingérence dans les établissements secondaires paraît, de jour en jour, plus acceptable, la liberté demeure le régime nécessaire des universités, la condition première de leurs succès et de leur prospérité. On ne saurait impunément y porter atteinte ; toute tentative de ce genre n’aboutira qu’à stériliser le mouvement scientifique, sinon à l’arrêter tout à fait. Aucun pays ne s’était engagé, aussi à fond que la France, dans cette fausse voie : elle y avait persévéré, obstinément, pendant trois quarts de siècle et l’ensemble de ses institutions administratives lui rendait plus difficile qu’à une autre de reconnaître son erreur. Néanmoins, le mal fut si grand qu’il s’imposa et le remède put être appliqué à temps — c’est-à-dire sans que l’avance, prise par les nations rivales, fut devenue impossible à regagner. L’expérience française profitera, sans doute, aux gouvernements qui auraient quelque velléité de capter, pour les diriger à leur guise et les utiliser à leur profit, les forces intellectuelles !