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l’enseignement moral

exclu des études secondaires. Reste alors à déterminer sa nature.

Des tentatives ont été faites çà et là pour le laïciser, c’est-à-dire pour le dégager de toute influence, non seulement confessionnelle, mais même religieuse ; elles ont, en général, avorté. La raison en est simple ; il faut à cet enseignement une base précise ; il ne saurait flotter dans le vide. Or, si l’on examine les bases sur lesquelles il peut reposer, on trouve qu’elles sont au nombre de quatre : le Bien — la Patrie — l’Humanité — Dieu. Un enseignement moral, fondé sur l’idée du Bien, serait, à coup sûr, d’une grande élévation et d’une parfaite beauté, mais son efficacité demeurerait bien problématique. La conscience est un organe ; elle se développe, se fortifie comme les autres organes ; il est absurde de lui demander un effort prématuré qu’elle ne saurait fournir. Comment la jeunesse serait-elle en mesure de prendre pour guide de ses actes, une notion qui est trop souvent impuissante à sauvegarder des consciences viriles ? Cette notion, de plus, est vague, indéterminée et dépourvue de sanction.