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l’éducation sociale

de la vraie misère, celle qui voisine avec le vice, est-il réalisable sans danger ; l’hygiène, à elle seule, n’exige-t-elle pas qu’on la tienne écartée des collégiens ? C’est dans un tout autre ordre d’idées, que les initiatives britanniques se sont manifestées. Recueillir parmi les camarades et les professeurs le plus d’argent possible, obtenir, d’une municipalité généreuse, un vaste pré voisin de la mer ou d’une rivière, louer un matériel de campement, s’entendre avec les compagnies de chemins de fer pour un transport à prix réduits, et, au début des vacances, conduire au bon air, durant une semaine ou deux, toute une colonie d’enfants pris parmi la population scolaire la plus pauvre et la plus méritante, voilà, certes, pour des garçons de quinze ans, une belle besogne, profondément saine et admirablement éducative. Comprise de la sorte, la charité — ou plutôt la solidarité — peut donner lieu à des groupements d’une haute portée pédagogique.

Ainsi, nous apercevons de différents côtés des jalons déjà posés, pour cette éducation sociale, en laquelle la démocratie trouvera la satisfaction d’un instinct légitime.