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notes sur l’éducation publique

conçue et préparée par lui, il demeure en tous les cas le grand bénéficiaire.

Mais de quelle façon réalise-t-il le plus haut bénéfice ? Voilà le point central de la controverse que viennent aviver, d’ailleurs, les divergences de races, de tempéraments, de milieux, de traditions. Les amateurs de formules certaines opèrent la départition d’une manière bien simple. La première méthode, assurent-ils, est le propre des peuples latins, la seconde convient aux anglo-saxons. Le classement serait, de toute façon, fort incomplet, parce que le génie latin et le génie anglo-saxon ne sont pas seuls en présence, même en Europe. Mais de plus, c’est peu exact. L’initiative privée, pour n’y avoir pas été érigée en doctrine, a joué quand même un grand rôle dans l’ancienne France. Elle a des adeptes en Piémont et peut-être que dans certaines parties de l’Espagne, on trouverait avantage à encourager ses manifestations. Par contre, dans le monde anglo-saxon, la démocratie aidant, le dogme de l’État-dirigeant a gagné récemment du terrain.

La vérité est qu’il y a là deux conceptions opposées des rapports de l’individu et de l’État, anciennes toutes deux, dignes toutes deux d’être