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notes sur l’éducation publique

la faire vivre ; sous aucun régime elle ne saurait subsister par elle-même, par son propre poids ; il faut, pour la maintenir, l’effort voulu et constant de la majorité des citoyens. La liberté, en somme, a pour base l’esprit de tolérance lequel, à son tour, ne s’établit que par la contrainte de chacun sur soi-même. Cette contrainte, les citoyens se l’imposent volontiers à l’aurore du mouvement démocratique, sous l’influence des illusions généreuses et des nobles enthousiasmes qui dominent alors ; sans doute, ils se l’imposeront plus aisément encore si jamais ils habitent la cité modèle où régneront la Justice et la Vérité. Mais pendant la longue période des enfantements intermédiaires, la démocratie s’abandonne à son attrait naturel pour l’uniformité et l’obligation ; lorsque ce n’est pas en son nom. c’est en tous les cas sous son influence que se produit l’ingérence de l’État dans le domaine pédagogique.

Au point de vue du droit pur, il est évident qu’aucun argument nouveau ni péremptoire n’a été découvert pour légitimer cette ingérence, de sorte que la discussion théorique pourra se prolonger longtemps entre ceux qui l’approuvent et ceux qui la condamnent. Mais, quand bien même le nombre de ces derniers augmen-