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la gymnastique

quels se lisaient ces chiffres cabalistiques : 9 — 919 — 1519 — 1811. C’étaient les dates du désastre de Varus, de l’introduction des tournois en Allemagne, de la célébration du dernier tournoi et de la création récente du Turnplatz de Berlin. Ce symbolisme fut, en haut lieu, discuté et ridiculisé ; mais il obtint quand même du succès parmi les masses. Après les campagnes de 1813 et de 1814, pendant lesquelles Jahn et ses élèves se battirent héroïquement, le mouvement s’affirma ; il revêtit un caractère bien marqué d’union patriotique. C’est ainsi qu’à Breslau, catholiques et protestants, élèves et professeurs, officiers et civils fréquentaient en commun le Turnplatz.

En 1819, l’assassinat de Kotzebue par un membre d’un Turnverein changea brusquement les bonnes dispositions du gouvernement et compromit l’œuvre de Jahn. Une réaction violente éclata. Jahn lui-même fut arrêté[1] et les Turners abolis pour ne renaître que vingt-deux ans plus tard, en 1842. Leur fondateur, qui vécut jusqu’en 1852 ne recouvra jamais, de son vivant, son influence et son prestige.

  1. Avec Jahn fut arrêté son disciple Lieber qui, relâché, gagna l’Amérique et dirigea en 1827, à Boston, un Institut de gymnastique.