la morale ou l’hygiène auraient à souffrir. Or, l’inspection signale des progrès et dénonce des abus… Ne convient-il pas de légiférer pour réprimer les uns et propager les autres ? Devant cette délicate question, un pouvoir unipersonnel pourra hésiter ; mais l’opinion, consultée, penchera toujours vers l’affirmative.
Cela n’a rien de surprenant. Entre les idées de démocratie et d’obligation existent des rapports beaucoup plus étroits qu’entre les idées de démocratie et de liberté. En Europe, nous entretenons, à cet égard, des illusions que les écrits de certains auteurs français, et sans doute aussi les débuts de l’expérience américaine, ont contribué à faire naître. Il n’est pas inexact, du reste, de concevoir la démocratie comme un état de choses favorable à l’épanouissement des libertés individuelles. Elle peut, dans certaines phases de son développement, réaliser, sous ce rapport, l’idéal du gouvernement. L’erreur est de croire cette réalisation essentielle et durable.
Si même la liberté pouvait être le produit spontané des institutions, les institutions qui l’auraient produite demeureraient inhabiles à