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la psychologie du sport

sera habituée physiquement et moralement. Au contraire, un fleuret, un trapèze ou un aviron ne cesseront jamais d’être des instruments de sport.

Les jeux offrent également des contrastes. En général les jeux de balle rentrent dans la catégorie des sports d’équilibre ; d’abord par les attitudes elles-mêmes. C’est ce qu’exprime si bien le conseil qu’un joueur de Longue-paume donnait à son élève : « Appuyez-vous sur la balle », lui disait-il — ensuite par la succession rapide et l’imprévu des mouvements. Il ne s’agit pas de répéter le même geste, mais de se tenir prêt à exécuter celui qui s’indiquera et de pouvoir l’exécuter avec précision et par conséquent avec retenue[1]. Le foot-ball au contraire est un

  1. C’est, à mon avis, cette « retenue » qui dans les jeux de balle amène une fatigue souvent hors de proportion avec la force musculaire dépensée, parce qu’elle implique une assez grande dépense de force nerveuse. L’effet se produit avec bien plus d’intensité encore dans l’assaut de fleuret. Mon savant ami, le Dr  Fernand Lagrange, a attribué au rôle que joue le cerveau dans la combinaison des coups, l’espèce de dépression nerveuse, cérébrale, qu’il a notée, après l’assaut, chez beaucoup d’escrimeurs et qu’il a contrôlée sur lui même. Depuis lors, j’ai cru m’apercevoir que cette dépression déjà moindre avec