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l’humanité (suite)

ont les mêmes goûts, les mêmes passions, les mêmes mœurs, parce qu’aucun n’a reçu de forme nationale par une éducation particulière ».

À quel point Rousseau se trompait, le xixe siècle l’a démontré. Partout, sous la poussée des forces nationales, l’enduit a éclaté. L’enduit intellectuel s’était déjà modifié, avait changé de couleur ; les influences naturalistes s’étaient substituées aux influences classiques, mais l’homme dont on scrutait l’âme, dont on cherchait à préciser le destin, demeurait un être conventionnel, abstrait, uniforme. La plume d’un Balzac, d’un Dickens, d’un Ibsen, d’un Tolstoï lui a rendu son aspect véritable, son élasticité, ses diversités caractéristiques, fruits de la race et du milieu. Quant à l’enduit politique, il s’effrite chaque jour sous nos yeux. Partout le parti national triomphe. Ce ne sont pas seulement l’Allemagne et l’Italie qui, en réalisant leur unité, ont restauré, dans des conditions nouvelles, des formes historiques ; ce sont les Français du Canada, les Parsis de l’Inde, ce seront demain les Hollandais de l’Afrique du Sud préservant leur religion, leur langue, leurs habitudes de vie, les tendances et les idées fondamentales de leur race, au