Page:Coubertin - Notes sur l education publique, 1901.djvu/106

Cette page a été validée par deux contributeurs.
92
notes sur l’éducation publique

muraille. Ce que nous appelons « l’invasion » des barbares dura deux siècles, s’opéra par bandes de compagnons réunis autour d’un chef ; ils ne détruisirent pas la civilisation par la prise ou le sac d’une ville (c’est une idée fausse, malheureusement très répandue) ; mais ils l’affaiblirent en s’installant au milieu d’elle. La seule faiblesse de l’administration romaine fut de ne pas assez ménager les deniers des propriétaires et surtout des propriétaires urbains ; l’impôt s’en allait à Rome alimenter le budget impérial ; les riches devaient tirer de leur poche de quoi le compléter, lorsque la somme fixée n’était pas atteinte, et en tout cas de quoi payer au peuple les fêtes auxquelles, à l’instar de Rome, il s’était accoutumé. Un tel régime a vite fait de ruiner un pays et de le dépeupler. Les barbares prirent la place des impériaux sur les terres vacantes et dans les rangs de l’armée : tantôt, ils s’imposaient par la force, tantôt, ils faisaient agréer leurs services comme alliés. Toujours plus nombreux, ils laissèrent les écoles, les théâtres, les bains tomber en ruine et les villes romaines des frontières devinrent parfois de rudes bourgades fortifiées où l’on ne savait plus pratiquer en temps de paix que les travaux manuels. Pen-