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dres, le temps avait été bref et pourtant ces mêmes qualités s’étaient accusées dans la préparation. Elles s’épanouirent pour les Jeux de Stockholm. Bien entendu, il fallait de part et d’autre se consentir des sacrifices. Il ne faut pas oublier que nous étions toujours dans la situation de gens qui viendraient dire à autrui : « Vous avez de bien beaux salons. Permettez que nous y donnions à vos frais une fête qui sera magnifique. » Cette formule humoristique qu’on m’avait entendu énoncer en riant demeurait et demeurera toujours vraie. On verra plus loin qu’elle s’imposa encore en 1920 et en 1924. Pour la cinquième Olympiade, elle nous força à accepter la suppression momentanée de la boxe. Non seulement l’opinion suédoise était dressée contre ce sport, mais la loi même en interdisait les manifestations. Bien que la boxe ne soit jamais encore orientée dans la voie de la modération, dans la voie « pédagogique » où je cherchais à la conduire, j’y tenais beaucoup même avec ses tares présentes. Mais il fallut céder. La Suède, de son côté, consentait d’énormes concessions, sur le terrain de la gymnastique en particulier. Quand je l’avais visitée une première fois en 1899, je n’aurais jamais cru que l’intransigeance des disciples de Ling en viendrait à fléchir douze ans plus tard, jusqu’à tolérer la glorification de tous les sports en plein Stockholm et l’érection des agrès honnis au milieu même du stade. C’est qu’en ces douze ans l’évolution suédoise dans le sens sportif, amorcée depuis longtemps, s’était grandement accentuée grâce à l’action bienfaisante du roi et des princes et surtout de notre cher et enthousiaste collègue Balck.

Le Comité Suédois demandait, avec la boxe, à supprimer le cyclisme, ce qui ne fut admis que