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versée à la nage des rapides du Niagara — Desborough avait dit ceci : « Il est essentiel pour l’Angleterre, qui a été le berceau de tant de variétés d’athlétisme, que les Jeux Olympiques, le jour où ils ont lieu chez elle, y soient organisés et célébrés d’une façon digne de son renom sportif. »

Et il en fut ainsi à presque tous égards. Alors, comment concevoir des énormités comme celle-ci, par exemple, relevée à l’issue des Jeux de Londres, sous la plume d’un journaliste français, pourtant bon sportif, F. Frank-Puaux, et reproduite avec complaisance et commentaires favorables en d’autres pays : « Les Jeux ont porté le dernier coup à la réputation de sportivité de l’Angleterre ; les Anglais nous ont montré que maintenant qu’ils trouvaient chez les autres peuples des rivaux sérieux, c’était fini de la largeur de vues, de l’impartialité, de l’indépendance dont ils avaient persuadé le monde qu’ils avaient l’apanage. » Si je sortais de mes archives passablement de pièces américaines, lettres privées, brochures, articles, etc., on y relèverait des accusations plus hargneuses encore.

Que s’était-il donc passé ? Tout simplement ceci : que l’énormité même de la manifestation avait brusquement projeté l’Olympisme renaissant dans la pleine lumière de la réalité comme un faisceau de forces vives auxquelles jusque-là on n’avait voulu croire qu’archéologiquement parlant et que, par là, les passions sportives — très modernes celles-là — s’étaient trouvées surexcitées et portées à un diapason non encore atteint. Rien des spectacles analogues et grandioses ont, depuis lors, passé devant nos yeux. Le souvenir du Stade de Londres n’en a jamais été diminué. L’enceinte colossale, par-