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tout, y compris l’honorariat décerné au prince royal. Le prince et moi nous eûmes, à Paris, peu après, un long entretien à ce sujet. Ce n’était agréable ni pour lui, ni pour moi, mais la situation était si grotesque que nous finîmes par en rire. J’avais pris le parti d’exprimer ma pensée en toute liberté et franchise et l’entretien conserva ce caractère jusqu’au bout. Aussi bien la « session » d’Athènes à laquelle ne participaient ni Laffan, ni Baillet-Latour, ni Blonay, ni Sloane, ne pouvait passer pour représenter la doctrine olympique de façon intégrale.

Mais il y avait là un « observateur » comme on dit aujourd’hui, qui allait se muer en acteur. C’était W. H. Grenfell, récemment devenu lord Desbourough, et qui, en contact avec le C.I.O. depuis un an déjà, s’était laissé conquérir par l’olympisme. Laffan et lui (il succéda peu après à Herbert, malade et démissionnaire) composaient avec sir Howard Vincent, une trinité magnifique d’esprit pratique, de volonté virile et d’élan enthousiaste. La célébration de la ive Olympiade aux mains de tels hommes, ne pouvait qu’être brillante. Dans l’affaire il y avait bien encore une Exposition, mais qui, celle-là, n’aurait d’autre rôle à tenir que de fournir les fonds. Revanche amusante des expériences précédentes.

Et de fait, lorsqu’à Londres, le 26 novembre 1906, furent inaugurés les travaux de la Franco-British Exhibition, on sut tout de suite, par le discours de lord Desborough, quelle place unique et prépondérante y allaient occuper les Jeux Olympiques.

Dans un « manifeste à la presse anglaise », Desborough, dont le prestige de chef se doublait de la légende qu’avaient créée autour de son nom ses exploits sportifs — notamment la tra-