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mémoires olympiques

André Beaunier ! Pataude, elle n’avait même pas pour elle d’être claire. Mais elle avait été introduite là afin de tenir la porte ouverte à quelque défense morale, réacheminant peu à peu l’olympisme moderne à cette idée de purification du concurrent qui avait été une des bases de l’olympisme antique.

Sous quelle forme ? Je n’en savais trop rien, mais puisque décidément, on n’en venait pas à bout des difficultés issues du problème amateuriste, l’idée m’était venue de commencer par établir le serment qui donnerait lieu à un cérémonial émouvant et engagerait l’honneur du concurrent tout en simplifiant les recherches relatives à son statut.

L’opinion d’alors n’étant nullement préparée dans les milieux sportifs à une pareille nouveauté et mes premières ouvertures ayant provoqué des sourires ou des protestations, c’est à la Fédération des Patronages que j’en fis la première proposition publique. Elle comptait alors cinquante mille membres. On la persécutait copieusement, mais elle s’en tirait tout de même et se procurait des terrains de jeu sans qu’on sût comment. À l’issue de sa fête fédérale du printemps de 1906, j’adressai à son secrétaire général, Charles Simon, organisateur remarquable en même temps qu’apôtre ardent, une lettre dont le texte se trouve dans le numéro de juillet de la Revue Olympique. L’institution du serment y était préconisée. L’idée devait faire son chemin plus rapidement qu’on n’aurait pu s’y attendre et justement dans ces milieux laïques qui s’y montraient alors les plus réfractaires.