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notre autorité. Pourquoi pas ? Cela rentrait tout à fait dans l’esprit et les moyens du C.I.O.

De là sortit le Congrès de Bruxelles. En décembre de cette même année 1901, je profitai d’un passage à Paris du roi Léopold pour lui demander audience et obtenir son patronage. Léopold II était probablement le plus intimidant des souverains régnant. Une sorte d’ankylose l’avait habitué à rester debout, appuyé sur sa canne, et c’est ainsi qu’il recevait volontiers au milieu du salon même si, prenant intérêt à la conversation, il la laissait se prolonger longtemps. Sa haute stature, son regard toujours un peu moqueur, ses propos à l’emporte-pièce, le rendaient redoutable. Quand le visiteur ne lui agréait point, il pouvait se montrer fort méchant. Aimait-il les sports ou, plutôt, les avait-il aimés ? Je ne sais trop mais, comme instrument de formation d’individualités puissantes, il en saisissait admirablement la valeur et ses visées coloniales y trouvaient leur compte. Quelques années plus tard, il me fit demander des plans, règlements et programmes pour un « collège de préparation coloniale » que je pris le plus vif plaisir à dresser très complètement. Naturellement, le développement sportif y jouait un grand rôle. Le projet échoua ; je l’avais prévu laïque et le roi l’approuvait ainsi, mais des influences monastiques se jetèrent au travers.

Le Congrès prévu pour 1904 fut ajourné à 1905. Un atout nous était venu en la personne d’un nouveau collègue belge, le comte Henry de Baillet-Latour qui, avant de me succéder vingt ans plus tard à la tête du C.I.O., devait jouer si longtemps parmi nous un rôle de premier plan et rendre à la cause olympique de signalés services. Son prédécesseur, alarmé par la responsabilité du congrès s’était retiré brusquement — si brusquement mê-