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d’Avray, assaut d’escrime, cross-country à Meudon qui s’était terminé par un magnifique goûter offert et présidé par l’illustre astronome Janssen… car nous avions alors des collaborateurs haut-placés dans les Lettres, les Sciences et la politique : Victor Duruy, Jules Simon, Georges Picot et bien d’autres qui avaient, les premiers, en 1888, prêté leur appui à ma campagne initiale… Donc, on célébrait le cinquième anniversaire de l’U.S.F.S.A. ?… N’en croyez rien. Le bébé avait été substitué. Il est bien exact qu’à la même date, cinq ans plus tôt, deux petites sociétés parisiennes avaient été convoquées pour former, à l’issue d’un déjeuner frugal, l’Union des Sociétés Françaises de Courses à pied. Et c’était déjà là un bien joli geste d’audace de la part de Georges de Saint-Clair, car enfin, le Stade Français avait tout juste la permission de courir le dimanche matin sur la terrasse de l’Orangerie, aux Tuileries, et la concession du Racing-Club à la Croix-Catelan était plus que précaire. Un peu plus tard, je dus intervenir à l’Hôtel de Ville pour tâcher de la fixer. Quelle fut notre stupeur, à Saint-Clair et à moi, de recevoir un papier où il était dit que la société serait admise à établir des pistes sur ce joli terrain, mais qu’« à première réquisition, elle devait toujours être prête à les rouler et à les emporter ». Tels étaient les « ronds-de-cuir » de l’époque. Pour eux, les membres de l’Institut qui parrainaient notre œuvre devaient évidemment être un peu mabouls.

C’est ainsi, en utilisant un acte de baptême rectifié par la suite et dont un publiciste adverse ne cessait de me réclamer malicieusement une copie officielle, que nous avions saisi l’occasion d’organiser ces fêtes avec toute la somptuosité permise par des budgets encore efflanqués. La soirée de la Sorbonne, qui en constituait la partie intellec-