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proposa l’abstention, mais il était clair que la participation manquerait d’élan. Si l’on compare ce temps-là avec les rencontres franco-allemandes des années récentes encore proches pourtant d’événements tragiques et sanglants, on mesurera les progrès éclatants de l’esprit sportif.

En 1900, il n’existait encore qu’instinctivement chez les sportifs véritables. L’opinion n’en avait guère l’idée et, comme on pense, l’Administration moins encore. D’ailleurs, si l’esprit sportif faisait défaut chez ces messieurs du Champ de Mars, leur technique ne valait pas mieux. De vagues circulaires s’envolaient de temps à autre par leurs soins, vides de tout renseignement utile. Par un premier paradoxe, c’était le comité défunt, le Comité La Rochefoucauld, qui continuait d’être investi de la confiance étrangère ; et, n’en recevant plus rien — et pour cause — c’est au président du C.I.O. que l’on s’adressait. Les plaintes se multipliaient. Le 11 octobre — six mois avant l’ouverture — Caspar Whitney exprime le mécontentement des Américains. Le 23, c’est Jiri Guth qui déclare qu’à Prague on se décourage faute de savoir à quoi s’en tenir et que faire. Peu après même son de cloche de Copenhague. De tous côtés s’exprime la méfiance à l’égard des Jeux « organisés par tous ces incompétents », comme écrit Sloane. On me demande toujours d’intervenir. Whitney réclame naïvement à son ambassade à Paris pour qu’elle obtienne de l’Exposition le renoncement au plan officiel et qu’on remette simplement « l’argent et la liberté » aux personnes choisies par le C.I.O. Et le 14 avril 1900, le comte Thun Valsessina, chambellan de François-Joseph, réclame « qu’en vue des Jeux de Paris », il y ait dans le C.I.O. un membre autrichien ; même démarche des Canadiens.