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Le Congrès de Paris
et le rétablissement des Jeux Olympiques

Un soir de novembre 1892… exactement le vendredi 25. Le grand amphithéâtre de l’ancienne Sorbonne : vaste rectangle teinté, si j’ai bonne mémoire, de lilas sale et orné de deux niches carrées d’où saillaient les nez augustes de deux prélats qui devaient être Bossuet et Fénelon. En ce lieu maussade j’avais passé l’écrit d’un de mes bachots et cherché quelque chose à dire sur l’« imagination créatrice ». Mais les potaches présents à la Sorbonne en cette soirée de 1892 pensaient à toute autre chose. Sur l’estrade ils contemplaient, au centre, le plastron immaculé et l’habit de coupe impeccable du plus en vue des mondains d’alors, le vicomte Léon de Janzé, dont j’avais fait, peu avant un président de l’Union des Sports Athlétiques, sachant fort bien qu’il n’était pas seulement un mondain, mais un homme de grand sens et un caractère sûr. À ses côtés se tenaient le recteur de l’Université, M. Octave Gréard, et le prince Obolensky, maréchal de la cour du Grand Duc Wladimir, lequel avait accepté de patronner ce « jubilé » et devait venir en personne au Bois de Boulogne le surlendemain distribuer des prix à nos jeunes athlètes. En foi de quoi l’amphithéâtre était orné de drapeaux russes alternant avec des drapeaux français ; c’était l’alliance dix mois d’avance.

Jubilé de quoi ?… Soi-disant, on célébrait le cinquième anniversaire de l’Union des Sports Athlétiques par une série de fêtes : réunion à Ville-